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miércoles, 13 de enero de 2010

EL RELÁMPAGO, DE ARTHUR RIMBAUD


L'ÉCLAIR

Le travail humain ! c'est l'explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps.
"Rien n'est vanité ; à la science, et en avant !" crie l'Ecclésiaste moderne, c'est-à-dire Tout le monde. Et pourtant les cadavres des méchants et des fainéants tombent sur le coeur des autres... Ah ! vite, vite un peu ; là-bas, par delà la nuit, ces récompenses futures, éternelles... les échappons-nous ?...
- Qu'y puis-je ? Je connais le travail ; et la science est trop lente. Que la prière galope et que la lumière gronde... je le vois bien. C'est trop simple, et il fait trop chaud ; on se passera de moi. J'ai mon devoir, j'en serai fier à la façon de plusieurs, en le mettant de côté.
Ma vie est usée. Allons ! feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques, en nous plaignant et en nous querellant les apparences du monde, saltimbanque, mendiant, artiste, bandit, - prêtre ! Sur mon lit d'hôpital, l'odeur de l'encens m'est revenue si puissante ; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr...
Je reconnais là ma sale éducation d'enfance. Puis quoi !... Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans...
Non ! non ! à présent je me révolte contre la mort ! Le travail paraît trop léger à mon orgueil : ma trahison au monde serait un supplice trop court. Au dernier moment, j'attaquerais à droite, à gauche...
Alors, - oh ! - chère pauvre âme, l'éternité serait-elle pas perdue pour nous !


De Une saison en Enfer (Avril-Août 1873)

EL RELÁMPAGO (Trad. de Ramón Buenaventura)

¡El trabajo humano! Es la explosión que ilumina mi abismo de vez en cuando.
"Nada es vanidad; ¡a la ciencia, adelante!", grita el Eclesiastés moderno, es decir Todo el mundo. Y sin embargo los cadáveres de los malvados y de los holgazanes caen sobre el corazón de los demás… ¡Ah! De prisa, un poco de prisa; allí, más allá de la noche, las recompensas futuras, eternas… ¿las escapamos?… - ¿Qué puedo hacer yo? Conozco el trabajo; y la ciencia es demasiado lenta. Que galope la plegaria y que ruja la luz… Lo veo bien. Es demasiado sencillo, y hace demasiado calor; se las compondrán sin mí. Tengo un deber, estaré orgulloso de él como muchos hacen, poniéndolo aparte. Mi vida está gastada. ¡Adelante! Finjamos, holgazaneemos, ¡oh piedad! Y existiremos divirtiéndonos, soñando amores monstruos y universos fantásticos, quejándonos y atacando las apariencias del mundo, saltimbanco, mendigo, artista, bandolero, - ¡sacerdote! En mi cama de hospital, el olor a incienso me volvió con tanta intensidad; guardián de los aromas sagrados, confesor, mártir… Veo en esto mi sucia educación infantil. ¡Y qué!… Andar mis veinte años, si los demás los andan… ¡No! ¡No! ¡Ahora me rebelo contra la muerte! El trabajo le parece demasiado ligero a mi orgullo: mi traición al mundo sería un suplicio demasiado corto. En el último momento, atacaría a diestra y siniestra.
Entonces, -¡oh!- pobre alma mía, ¡no tendríamos perdida la eternidad!


De Una temporada en el Infierno (abril-agosto de 1873)


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